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Photo du rédacteurCamille Pierret

Pourquoi les introvertis sont des êtres sociaux




Vous êtes sûrement déjà tombé sur des articles ou des quizz qui vous “diagnostiquent” comme introverti ou extraverti ?


Et si je vous disais que vous pourriez cocher toutes les cases comme quoi vous n’aimez pas les gens ; que vous préférez la compagnie des animaux aux humains ; ou encore que vous préférez passer votre soirée sous un bon plaid avec une tisane plutôt qu’en boîte de nuit, vous resterez quand même un être social.


Déjà parce que l'introversion, si c'est souvent associé à la timidité, à l'origine ce n'est pas lié à un manque de relations sociales mais plutôt un tempérament qui amène les individus à avoir un monde interne très riche (en terme d'imagination et pensées, pas de money).

Et aussi, parce que le fait même que vous ayez besoin de vous catégoriser en tant qu’introverti est un processus social.





Et ça c’est assez bien expliqué par la Théorie de l’Identité Sociale



L'identité sociale



L’Identité sociale est une théorie développée à partir des travaux des psychologues sociaux Henri Tajfel et John Turner.

Elle peut se définir comme la construction d’une identité par rapport à un groupe social et un niveau d’attachement plus ou moins fort à cette identité. C’est également le fait de créer des points communs avec les membres du groupe et des différences avec ceux des autres groupes.



On distingue 3 processus principaux :



La catégorisation sociale

Nous VS Eux

L’identification sociale

Nous VS Moi

La comparaison sociale

Nous > Eux



La catégorisation



Catégoriser est un processus que l’on fait naturellement pour simplifier le monde autour de nous (Voir article "Une salade de fruits sans tomates s'il-vous plaît")


La catégorisation sociale, c’est le fait de se ranger dans un groupe social, et de ranger les autres individus comme appartenant (Nous) ou n’appartenant pas (Eux) à ce groupe.



Si je me range dans la case introvertie, je vais catégoriser les autres personnes comme étant introverties comme moi (Nous), ou extraverties (Eux).




Les catégories que l’on fait naturellement sont généralement des groupes stéréotypés dans lesquels chaque personne va plus ou moins s’identifier.



L’identification


Parfois un introverti va être très sociable avec ses amis proches, et parfois un extraverti va avoir besoin de calme et de temps pour soi.



En fait, les individus s’identifient plus ou moins fortement à leur groupe. Pour certains, être introverti n’est qu’une caractéristique de leur personnalité, pour d’autres c’est un mode de vie.



Et selon notre degré d'identification à un groupe social, nos comportements envers les membres extérieurs au groupe vont varier.


C’est à dire que si l’on s’identifie fortement à ce groupe (Je suis complètement introvertie), on va baser nos comportements par rapport aux relations générales que le groupe entretien avec les autres (Les introvertis ne sont pas à l'aise avec les extravertis), et par opposition, si l’on s'identifie peu à ce groupe (Je ne me sens qu'un peu introvertie), on va baser notre comportement sur des opinions plus personnelles (Je suis à l'aise avec quelqu'un s'il respecte mon espace, qu'il soit introverti ou extraverti).


Ces deux extrêmes sont appelés le pôle intergroupe et le pôle interpersonnel.


Toutefois, ce n’est jamais soit l’un soit l’autre (le pôle interpersonnel et le pôle intergroupe sont des extrêmes théoriques, impossible à atteindre dans la réalité), mais plutôt un spectre sur lequel on va se placer en fonction du contexte tout au long de notre vie.




L’identification permet de mettre de la nuance dans la catégorisation, ce n’est jamais ni tout blanc ni tout noir.

(Oserais-je la blague de 50 nuances de gris ?)



C'est pourquoi depuis quelques années maintenant, on commence à retrouver différentes façons de catégoriser l'introversion et l'extraversion comme des catégories non figées et que l'on a introduit le terme d'ambiversion.





La comparaison


Enfin, la comparaison sociale est un processus qui va amener des individus qui s’identifient fortement à leur groupe à le considérer comme supérieur aux autres.


C’est ce processus qui va faire que certains membres d’un groupe vont avoir tendance à rehausser la valeur de leur groupe (Patriotisme) ou rabaisser les autres groupes (Hello KittyKittyKitty).


On va naturellement chercher à renforcer positivement notre identité, et pour les personnes qui s’identifient fortement à un groupe, donner une valeur positive à son groupe c’est se donner une valeur positive également. (Tous les introvertis sont des personnes sensibles et intelligentes, je suis très introvertie donc je suis très sensible et intelligente)


Dans le cas ou l’on s’identifie à un groupe de référence plutôt que notre groupe d’appartenance, l’image positive n’étant pas associée à notre propre groupe, il peut y avoir une tendance à se désidentifier de son groupe d’origine pour créer une image de soi positive (Se présenter comme l’exception qui confirme la règle).




 

Donc si finalement vous vous identifiez comme étant introvertie et fière de l'être, ou que vous pensez être un introverti mais pas trop parce que c'est mieux d'être extraverti d'après la société. Ou encore que vous vous identifiez ni dans l'une ni dans l'autre de ces catégories....



Et bien, je suis au regret de vous informer que mon diagnostic est sans appel...



Vous êtes bien un être social.






Ndla : L'introversion n'est pas le sujet de cet article, pour en savoir plus sur le sujet vous pourrez trouver quelques liens dans les références pour vous renseigner par vous même.


 

Sources


Français

Autin, F. (2010). La théorie de l’identité sociale de Tajfel et Turner. Préjugés & Stéréotypes.

Doise, W. (1976) L’articulation psychosociologique et les relations entre groupes, Bruxelles, A. de Boeck.


Anglais

Bodenhausen, G. V., Kang, S. K., & Peery, D. (2012). Social categorization and the perception of social groups. The Sage handbook of social cognition, 311-329.

Prentice, D. A., Miller, D. T., & Lightdale, J. R. (1994). Asymmetries in attachments to groups and to their members: Distinguishing between common-identity and common-bond groups. Personality and Social Psychology Bulletin, 20(5), 484-493. https://doi.org/10.1177/0146167294205005

Tajfel, H. (1978). Differentiation between social groups: Studies in the social psychology of intergroup relations. Academic Press.

Tajfel, H. (2001). Social stereotypes and social groups. In M. A. Hogg & D. Abrams (Eds.), Key readings in social psychology. Intergroup relations: Essential readings (p. 132–145). Psychology Press.

Tajfel, H., & Turner, J. C. (1979). An integrative theory of intergroup conflict. In W. G. Austin & S. Worchel (Eds.), The social psychology of intergroup relations (pp. 33–47). Monterey, CA: Brooks-Cole.

Turner, J. C. (1982). Towards a cognitive redefinition of the social group. In H. Tajfel (Ed.), Social identity and intergroup relations (pp. 15–40). Cambridge, England: Cambridge University Press.

Turner, J. C., Hogg, M. A., Oakes, P. J., Reicher, S. D., & Wetherell, M. S. (1987). Rediscovering the social group: A self-categorization theory. Oxford. England: Blackwell.


Pour aller plus loin


Si vous souhaitez en apprendre davantage sur l'introversion :


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